LE TEMPS DES CARTONS OU QUAND LA MAIRIE DE SAINT-RAPHAËL SE DECOUVRE UN DESTIN D’ENTREPOT PRÉSIDENTIEL

SAINT-RAPHAËL (VAR) – Ce n’est pas une blague. C’est une histoire vraie, et même vérifiée en images : dans un local technique de la mairie, deux palettes, quarante cartons, et 1000 exemplaires du dernier livre de Nicolas Sarkozy, Le Temps des combats. Pas tout à fait le Goncourt, mais suffisamment de stock pour ouvrir un Bazar politique à la sortie du Conseil Municipal.

Un détail ? Pas vraiment. Le Canard Enchaîné et Var-Matin ont révélé l’affaire : les livres, estampillés Fayard 2023, dorment paisiblement dans des cartons bien serrés entre deux tuyaux municipaux. Coût estimé : 28.000 €. Et non, ce n’est pas une annexe de la FNAC, c’est bien la mairie.

"Non, ce n’est pas la mairie. C’est Asterès."

Frédéric Masquelier, maire LR de la commune.

C’est la version officielle de Frédéric Masquelier, maire LR de la commune. Selon lui, les livres n’ont pas été achetés par la ville, mais par la société Asterès, dirigée par l’économiste Nicolas Bouzou, organisateur des fameuses Rencontres de l’Avenir. Une opération intellectuelle annuelle où l’on vient “penser demain” – visiblement avec un œil dans les bilans comptables et l’autre sur les inventaires.

D’après le maire, la commune n’a pas payé les livres, seulement “la logistique” de l’événement : hébergements, repas, sécurité, transferts… Et aussi, accessoirement, le vol en hélico de Nicolas Sarkozy entre Nice et Saint-Raphaël.

Vol à la petite semaine

LE COÛTEUX VOYAGE DE SARKOZY EN HÉLICOPTERE ENTRE NICE ET SAINT RAPHAEL !

Coût du vol en question : 3.500 €, pour 74 km. Soit 47 € le kilomètre, plus cher que du homard en business class. Le tout pour un trajet qu’un taxi aurait couvert en 1h15 pour 110 €. Mais pourquoi choisir la route quand on peut s’envoyer en l’air aux frais de la collectivité ?

Problème : la mairie avait d’abord démenti avoir réglé cette coquette addition. Puis les pièces ont parlé. Une facture est apparue. Et tout à coup, l’hélico a atterri dans la réalité.

Pas de cachet, juste 1000 livres

Interrogé sur cette livraison présidentielle XXL, Nicolas Bouzou assume :

“Nous ne rémunérons pas nos intervenants. Nous avons simplement acheté quelques livres.”Un millier, donc. À un tarif négocié, évidemment. Un deal "classique", assure-t-il, même s’il reste “rare”. Une phrase qui ferait un beau 4e de couverture pour Le Temps des excuses.

La mairie, de son côté, a gentiment accepté de jouer les entrepôts, le temps qu’Asterès se décide à récupérer la marchandise.

“Des locaux avec de la place”, explique-t-on. À ce stade, on attend presque que le service Espaces Verts prenne en charge le compost des exemplaires non distribués.

Pendant ce temps-là, les profs prennent cher

Invité vedette des "Rencontres de l’Avenir", Nicolas Sarkozy a tenu à rappeler qu’il n’était pas venu pour flatter :

“Le statut du professeur des écoles [...] c’est 24 heures par semaine [...] six mois de l’année [...].”Le tout dit avec le sérieux de quelqu’un qui touche plus de 6000 € brut par mois d’argent public, à ne rien enseigner, mais à voler au secours du débat d’idées – en hélico si nécessaire.

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“Le Temps des combats”, vraiment ?

Sur le papier, "Le Temps des combats" sonne comme le récit épique d’un homme face à l’Histoire. Dans la réalité, c’est devenu le titre involontaire d’une farce logistique, où les seuls combats sont ceux contre la mémoire courte, l’addition carbone, et la décence.

Moralité : quand on stocke des livres dans un local technique, quand on nie un vol avant d’avouer la facture, quand on vante l’austérité tout en faisant livrer ses idées par palettes, on n’écrit plus l’Histoire…on meuble un entrepôt.

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