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LA MOTTE : AUTOPSIE D’UN NAUFRAGE LITTÉRAIRE EN MILIEU CLIMATISÉ

LA MOTTE : QUAND LE SALON DU LIVRE TOURNE À LA FABLE… SANS MORALE
LA MOTTE : QUAND LE SALON DU LIVRE TOURNE À LA FABLE… SANS MORALE

Dimanche 5 juillet, la littérature a connu une étrange expérience de dématérialisation à La Motte. De 18h30 à 23h, on aurait dû y sentir vibrer les mots, bruisser les pages, résonner les idées… mais c’est surtout le silence, ponctué par le ronronnement de la climatisation, qui tint lieu de bande-son à ce salon du livre en apnée.


Délocalisé en salle des fêtes pour cause de canicule — coupable facile, mais peu littéraire — le salon n’a gardé de la Place publique que la mémoire vague d’un projet plus ambitieux. Là où l’on rêvait de flâner entre les stands, un vague parfum de brocante soufflait. L’ambiance ? Un croisement entre une réunion de copropriété et une vente de charité... sans les petits fours.

À l’intérieur, une cinquantaine d’auteurs (chiffre gracieux fourni par des organisateurs d’un optimisme admirable) occupent stoïquement des tables trop proches les unes des autres, comme autant de naufragés rivés à leurs manuscrits, espérant une marée humaine qui ne viendra jamais. L’air est climatisé, certes, mais l’atmosphère évoque moins Montaigne et Proust que le placard à archives d’une sous-préfecture. Le peu d’espace pour circuler entre les tables semble avoir été conçu pour favoriser le huis clos… ou la fuite.

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Le discours d’ouverture, prononcé par l’association organisatrice et rehaussé d’une intervention du maire, s’est voulu sobre. Il fut surtout d’une tristesse qu’un poème d’Apollinaire sous prozac aurait jalousée. En guise de divertissement, on annonce une dictée. Oui, une dictée. Pour distraire les auteurs. L’idée que Flaubert lui-même aurait accueilli avec la même ferveur qu’un cours de Zumba en EHPAD. On ne savait pas qu’Hugo et Colette avaient tant besoin d’orthographe pour survivre à l’ennui.


QUAND LE SALON DU LIVRE TOURNE À LA FABLE… SANS MORALE


À 20 heures, une dizaine de visiteurs — chiffre symbolique ou hallucination collective ? — se risquent dans les travées. À 21h, l’évidence s’impose, nue, comme un haïku mal écrit : le flop est consommé. Le président de "Votre Plume 83" s’incline devant l’inévitable et libère les troupes, telles des soldats revenus bredouilles d’une bataille contre le néant.

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La promesse d’une « explication l’année prochaine » laisse songeur. Il ne manque désormais qu’un colloque, un comité d’éthique et peut-être une thèse pour analyser cette tentative manquée de faire vivre la culture. Car ce fiasco, aussi retentissant qu’invisible, mérite d’être étudié : il nous enseigne, malgré lui, ce qu’il advient quand on traite la littérature comme un hobby de retraités plutôt que comme un art exigeant. Mais de ce fiasco, nul doute qu’on tirera un livre. Reste à savoir si ce sera une tragédie, une farce, ou un pamphlet.


Rendez-vous, donc, l’an prochain. Avec un peu de chance, le mot « salon » ne sera plus synonyme de salle d’attente.

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