COLUCHE, 39 ANS APRÈS : UN DOCUMENT OUBLIÉ RELANCE LES INTERROGATIONS SUR SA MORT...
- transian citoyen
- 19 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 août
Le 19 juin 1986, Coluche trouvait la mort dans un accident de moto sur une route d’Opio, dans les Alpes-Maritimes. Trente-neuf ans plus tard, un document administratif jamais publié jusqu’ici refait surface et ravive une question restée en suspens : cet accident aurait-il pu être évité ?

À la veille du 39e anniversaire de la disparition de Michel Colucci, dit Coluche, Var-Matin(1) a révélé l’existence d’un document administratif datant de juillet 1986, resté confidentiel jusqu’à aujourd’hui. Cette note d’urbanisme, rédigée après le drame et adressée au sous-préfet de Grasse, remet en cause la conformité du site où s’est produit l’accident, et pointe des dysfonctionnements au sein de la mairie d’Opio à l’époque.
Un drame sur une route non balisée

Le 19 juin 1986 à 16h35, alors qu’il rentrait de Cannes avec des amis motards, Coluche percute de plein fouet un camion-benne qui tourne soudainement à gauche, pour rejoindre un chemin privé non balisé. L’humoriste, qui circule à moto sans casque, meurt sur le coup. Il avait 42 ans.
Le chauffeur du poids lourd, Albert Ardisson, sera condamné deux ans plus tard pour homicide involontaire, à une simple amende de 1 000 francs (environ 150 €), une décision judiciaire qui avait suscité, déjà à l’époque, de nombreuses critiques.
Un dépôt illégal, un adjoint propriétaire

Selon le document consulté par Var-Matin, l’enquête administrative diligentée après l’accident révèle que le camion accédait ce jour-là à un dépôt de matériaux implanté illégalement sur un terrain non conforme au Plan d’Occupation des Sols (POS). Ce site, interdit à ce type d'activité, était pourtant utilisé depuis plusieurs mois pour stocker gravats et matériaux de construction.

Le terrain appartenait à Marcel Perrissol, alors adjoint au maire d’Opio. Il deviendra maire de la commune entre 2001 et 2008. L’enquête évoque un "laxisme manifeste" de la municipalité, et note que le maire de l’époque, Fernand Raybaud, n’a pris aucune mesure contre ce dépôt, bien qu’une révision du POS ait été engagée dès mars 1986.
Un rapport resté sans suite

Cette note d’urbanisme, imprimée sur papier rose, s’appuie sur les constats de la gendarmerie de Grasse et d’un ingénieur des travaux publics. Elle souligne un « enjeu financier » derrière l'implantation de ce dépôt et évoque la possibilité que les assurances aient pu être sollicitées différemment si la non-conformité du site avait été juridiquement reconnue. Pourtant, ce document n’a jamais été suivi d'effet. Il est resté dans les archives départementales de Nice, où il est aujourd’hui librement consultable.
La situation est d’autant plus troublante que le maire Raybaud et son adjoint Perrissol étaient également associés dans une entreprise privée, « Raybaud-Perrissol vente d’engrais », radiée en janvier 1987. Fernand Raybaud est décédé brutalement en mars de la même année, à Dakar, lors d’un déplacement officiel.
Des questions toujours sans réponse


Presque quatre décennies après les faits, ces révélations viennent jeter une lumière nouvelle sur un dossier que l’on croyait clos. Elles interrogent non seulement sur les conditions d’implantation du dépôt illégal, mais aussi sur le silence des autorités administratives, malgré des éléments accablants à l’époque.
Coluche, figure populaire et irrévérencieuse, fondateur des Restos du Cœur, continue de marquer la mémoire collective. Mais cette découverte rappelle qu’au-delà de la légende, il reste des zones d’ombre dans l’histoire de sa disparition.
(1) Source : Var-Matin, édition Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin, article de Mathilde Tranoy, publié le 18 juin 2025.








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