AFFAIRE FALCO : L'HONNEUR PERDU, LA DÉMOCRATIE EN VEILLE
- transian citoyen
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La Cour de cassation vient de confirmer la condamnation d’Hubert Falco, ancien maire de Toulon et figure centrale de la politique varoise, pour recel de détournement de fonds publics. Une affaire à la fois banale et grave : des repas et des frais de pressing payés par le contribuable, maquillé derrière la logistique du Conseil départemental. Dix-huit mois avec sursis, 30 000 euros d’amende, cinq ans d’inéligibilité.
Une sanction nécessaire. Mais une sanction qui semble insuffisamment portée par l’indignation collective.
UNE AFFAIRE DE FRIGO ? OU LA FACE EMERGEE D’UN SYSTEME ?

On l’a surnommée « l’affaire du frigo ». Une appellation presque dérisoire pour une infraction à la probité, qui touche au fondement même de la responsabilité démocratique. Pourtant, l’obsession médiatique se déplace immédiatement : qui pour reprendre la mairie de Toulon ? Quels effets sur les procédures pénales de Le Pen ? Qui pour tirer parti de cette vacance du pouvoir ?
Pendant ce temps, la gravité de l’acte se dissout dans le commentaire politicien.
On connaît la mécanique : lorsqu’Al Capone a été condamné, ce fut pour fraude fiscale, non pour meurtres. Faut-il rappeler que la petite faute est souvent la porte d’entrée vers un système plus large ? L’histoire jugera si l’affaire Falco était une anomalie ou l’indice d’un clientélisme incrusté, d’un pouvoir en roue libre depuis des décennies. En tout cas, le symptôme est là.
LE DÉBAT PUBLIC, VICTIME COLLATÉRALE

Le plus préoccupant, ce n’est pas tant l’infraction. C’est la banalisation de sa révélation. L’indignation est remplacée par le calcul politique. Le jugement devient un élément du jeu, non un signal d’alarme.
Quand la condamnation d’un élu devient une péripétie, c’est la démocratie qui s’érode.
Ce n’est pas tant la faute individuelle de Falco qui devrait nous faire peur, mais notre capacité à l’absorber comme un fait divers parmi d'autres, sans remettre en cause le modèle, le rapport au pouvoir, l’exemplarité attendue. À force de désensibilisation, on glisse, insidieusement, de la République à la résignation.
LE SUFFRAGE UNIVERSEL NE LAVE PAS PLUS BLANC QUE LA LOI

Il est temps de dire haut et fort une vérité élémentaire : le suffrage universel ne confère pas d’immunité morale. Être élu, c’est porter une responsabilité supérieure, pas une armure contre la justice.
Et pourtant, dans bien des esprits, la tentation existe de croire qu’un bulletin de vote peut effacer un manquement à la loi. Cette confusion entre légitimité démocratique et impunité est un poison lent pour la République.
Elle alimente le cynisme ambiant, elle creuse le lit du « Tous Pourris », elle offre un boulevard au populisme qui prospère dans les eaux troubles de la désillusion.
L'INDIFFÉRENCE, C'EST UNE COMPLICITÉ SILENCIEUSE

Nous avons tort de penser que la démocratie meurt par le haut, d’un coup d’État ou d’un décret brutal. Elle meurt par le bas, à coups d’indifférence, de lassitude, de relativisme, quand les principes deviennent négociables, quand la décence devient optionnelle.
Chaque manquement à l’éthique publique, aussi modeste soit-il, doit être traité comme un signal d’alerte, pas comme une anecdote politicienne. Il ne s’agit pas d’acharnement judiciaire, mais de rappeler que la démocratie exige plus qu’un vote : elle exige une conscience.
L'ANESTHESIE CIVIQUE

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